Travail forcé dans la région Rhin/Neckar - un projet de l'école intégrée de Mannheim (IGMH)  

 

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Camp Diesterwegschule 1

 

 

 

 

 

Pierre Voisard




Né à Saint-Dié


Travail forcé à l'usine Lanz Mannheim

Camp dans le bâtiment d'une école: "Diesterwegschule"


plus tard : camp à l'école de Mannheim-Friedrichsfeld

 

 

Pierre Voisard pendant une visite à Mannheim 2003

Le rafle du 8 novembre 1944

Mon père était fonctionnaire qui travaillait dans la gendarmerie. Alors on avait décidé  au départ quand il a eu l’appel du 8 novembre qu’il fallait se diriger vers la caserne nous avons voulu nous cacher dim Mans la gendarmerie. Mais une dame qui n’avait pas des garcons et des fils – elle nous a dit: „Si vous vous cachez à la gendarmerie je vais vous dénoncer.“
Mon père comme il avait plus de 45 ans donc il n’a pas eu à se rendre à ce rendez-vous. Mais j’avais un frère, un est parti à deux, il était deux ans plus ainé... On est donc parti à la caserne pensant qu’on allait faire des tranchées... et puis on a pris le train est s’est trouvé à Mannheim.


On était allé d’abord jusqu’à Provenchéres. A Provenchères c’était dans la soirée du 8 novembre, nous sommes restés dans un tissage désaffecté où nous avons attendu la nuit sur les coupes de thé de 11 le soir. Puis nous avons pris un train, des wagons et nous nous sommes arrêté à Mutzig. Nous avons passé la journée à Mutzig dans une caserne et nous avons repris le train dans la soirée ou dans la nuit pour arrivé à Mannheim à 8 h ou 9 h  lmatin. On a compris quand on depassait la frontière, le Rhin, on s’est rendu compte...
D’après ce qu’on avait pu entendre le bourgmestre de Mannheim avait besoin de main d’oeuvre et c’est pour ça.


Arrivée à Mannheim

Nous avons été donc accueillis dans un gymnase certainement par une organisation du Croix Rouge, ils nous on servi une bonne soupe très agréable à manger.-
C’était la dernière bonne collation qu’on a pu à voir.
Ce n’était pas loin de la gare, c’était un gymnase, il s’appellait Gymnasium, je ne sais plus le nom. Ensuite les gens, des industriels et des artisans sont venus pour chercher. Il y avait une cour derrière le bâtiment, c’est là qu’ils ont fait le dispatching des gens qui étaient arrivés. Comme moi j’étais étudiant à l’époque – alors je disais que j’étais étudiant et je ne savait rien faire, - je me trouvais chez Lanz et à la Diesterwegschule.

 

Diesterwegschule vom Park   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diesterwegschule


Le camp "Diesterwegschule"

Moi j’ai eu le gros avantage, j’ai été à la chambre 10. La chambre 10 a la grande particularité que  les 26 ou 27 membres de la chambre se sont régulièrement réunis tous les ans pour fêter le 8 novembre, le départ. C’est seulement deux ans que nous ne le faisons plus parce qu’on se trouvait avec seulement quatre vivants. Il y en a trois sur Saint-Dié et un sur Paris, Rielle, Paul. Et encore un, donc cinq, c’est celui qui s’occupait avec son frère, Jean Marande, mais sa santé ne lui permet plus de monter dans les Vosges, il habite je crois à Sanary.
Dans la chambre 10 il y avait  surtout deux personnes, qui s’engageaient à la domaine du social et de la réunion pour donner une ambiance amicale.Emile Marande était à l’époque responspable d’une grande quincaillerie en gros et en détail. Et il y avait son frère Jean également et il y avait aussi dans cette chambre 10 un responsable d’une grande ménuiserie. Ensuite il y avait aussi le responsable d’un petit train qui faisait le transport dans une vallée des Vosges. C’étaient eux qui admininstraient un peu pendant le temps à Mannheim. Je me souviens: on a fait des petites fêtes, on a fait le Noel, on a fait le Nouvel An. A mon avis dans la Diesterwegschule cette chambre 10 était la seule chambre avec une ambiance conviviale et où tous les jeunes et les moins jeunes se reserraient pour que la vie en commun soit la plus agréable que possible.
Le copain de Saint-Dié qui a mon age, il s’appelle Georges Severin, il est cité dans votre livre. C’est le jeune homme qui s’avait coupé le doigt chez Lanz. Moi j’étais encore plus près de lui lorsqu’il a eu le doigt coupé. C’est moi qu’il a habillé et qui a eu l’autorisation de le conduire à l’hôpital de Mannheim, c’était derrière le Neckar, l’hôpital qui était le long du Neckar à côté du pont.
L’autre personne s’appelle René Colnat.
On était 25 dans la chambre, on était au deuxième étage. C’étaient des châlits an bois, deux lits superposés. C’étaient des salles de classe déaffectées,il y avait des châlits superposés tout autour des quatre murs et il y avait des tables centrales avec des chaises et des bancs. Il n’avait pas la place pour les 25. Ceux qui ne prenaient pas la place sur la table étaient assis sur  les lits de bas.


Travail chez Lanz

Chez Lanz on faisait des espèces d’obus, des obus en fond. Il y avait des tours et moi je travaillais à un tour. C’étaient des tours automatiques: on mettait en routes les machines et ça arrêtait automatiquement. C’était un peu comme des ogives, on faisait toujours la même chose. Le secteur où je travaillais on faisait des obus qu’av aient été coulé vraisemblablement dans la fonderie de l’usine Lanz. Il y avait des hommes de Saint-Dié, cinq ou six, il y avait des femmes russes, il y avait des Tchèques et il y avait des Allemands d’un certain age qui réglaient les machines et quand une machine ne fonctionnait pas ils remettaient en fonction la machine et qui nous surveillaient un peu.

Nous étaient des déportés, nous étions obligés d’être présents le matin à l’appel et le soir à l’appel. La semaine on était occupé de travailler 12 heures par jours de 6h le matin à 6h le soir. Mais le samedi on travaillait peut-être jusqu’à midi, et le reste du samedi et le dimanche on était libre. On pouvait dans la ville, on mangeait des „Stamms“ pour 1 Mark. Parce que chez Lanz et à la Diesterwegschule pour un jeune de 18 ans on était limité. J’ai eu la possibilité  d’avoir un monsieur, un Allemand qui ne mangeait pas toute sa soupe. Il avait un ménu privilégié, un ménu un peu différent de ce qu’on a servi à nous. Il m’a pris à côté et de temps en temps il me donnait le reste dans sa gamelle. Il était un peu surveillant, un peu spécialisié dans les travaux qu’on faisait.
Je ne me rappelle pas d’avoir reçu une paie, je ne crois pas. Mais quand même on est aller manger un „Stamm“, donc on avait de la monnaie.
Q Est-ce que vous avez reçu des vêtements?
Oh non, non. On avait toujours nos habits que nous avions au départ le 8 novembre. Je me souviens bien , nous avons lavé notre linge. On a connu le poux blanc, on a connu la vermine.
A Mannheim il y avait la possibilité de pouvoir prendre des douches tous les vendredis, des douches chaudes les vendredis ou samedis. Je crois, c’était plutôt le samedi matin, à l’usine. Il n’avait pas des douches à l’école mais à l’usine.

Arbeit bei der Organisation Todt -Lager Friedrichsfeld

Nous avons travaillé chez Lanz  dépuis le 8 novembre,  puis mon frère est parti à l’organisation Todt, il a quitté Lanz et la Diesterwegschule et s’est trouvé dans un dortoir à Friedrichsfeld. Il a souhaité que je vienne également, - alors bon, j’ai pu, l’organisation Todt a accepté. Et le 1 mars je suis allé également à l’organisation Todt à Friedrichsfeld.
On travaillait quand même toujours dans l’usine Lanz. Les bombardement du février, surtout les bombardements du 1 février l’après-midi et le soir avaient considérablement endommagé l’usine Lanz. Donc ont refaisait les bâtiments, on faisait des réparations. On travaillait peut-être plus durement. Parce qu’avant chez Lanz toute la journée je faisais le même
A Friedrichsfeld on était aussi dans une école. 

Q: A l’école de Friedrichsfeld il y avait une cuisine?
Oui, on était bien nourri. On mangeait le soir, le repas, c’était bon, c’était bien fait. Il y avait des Allemands avec nous, je me souviens même, il y avait un docteur... Je me souviens: J’ai rattrapé un zona à la peau. Mais j’étais bien soigné par un docteur qui était sur place dans l’école. Oui, l’organisation Todt était bien organisé. On sentait qu’on était là pour rendre service et pour travailler plutôt qu’être astreint pour le travail forcé. L’ambience ce n’était pas: „Arbeit, Arbeit Arbeit!“ Il fallait travailler, oui , mais on était tranquille là. Un Allemand de l’organisation dirigeait le travail, mais cela se passait bien.
L’ambience à l’usine n’était pas mauvais non plus,  c’’etait surtout le fait qu’on n’avait pas à manger. A l’école c’etaient également les repas qui n’étaient pas copieux: la soupe et les pommes de terre à l’eau avec une éspèce de sauce.

Ecole de Friedrichsfeld: camp de l'Organisation Todt



Travail pour l'Organisation Todt

On descendait tous les matins à Mannheim, on prenait le train. On était nourri à midi et puis les soirs on regagnait le train. L’avantage qu’il y avait c’est qu’on était nourri à l’usine Lanz comme les Allemands là. Comme ouvrier de l’organisation Todt on recevait le même ménu comme les Allemands et c’était beaucoup meilleur plus que la soupe de betterave rouge ou de rutabagas qu’on avait avant. Mais le travail était plus dur. On jour je me souviens il fallait couler une dalle de béton assez importante pour éviter... il y avait certainement des machines en sous-sol et alors on faisait une espèce de chape sur un bâtiment qui était assez long et large on a travaillé pendant 36 heures. C’était certainement de main d’oeuvre, à l’appel on chargeait des bétonnières de sable et ensuite la bétonnière l’envoyait par un dispositif directement le béton sur le lieu de destination.

La libération


On était à Friedrichsfeld il n’y avait plus de communication à Mannheim, on était à l’école le soir, ils nous ont dit de prendre nos affaires et de partir.à l’interieur de l’Allemagne. Nous, avec mon frère et deux autres camarades, on n’a pas suivi à leur demande et on s’est caché dans la nature. On s’est caché dans une espéce d’abri en bois, on y a passé deux, trois nuits. C’était le long de la ligne de chemin de fer et on a trouvé un abri de bois, c’était pour les gens qui travaillaient sur les voies et quand il faisait mauvais temps ils se pouvaient s’abriter là.
Nous avons attendu deux jours à peu près. Il y avait des bombardements, on s’est réfugié sous un pont de chemin de fer. On s’était même avanturé parce qu’on n’avait pas de ravitaillement. Il y avait des gens qui étaient en train de prendre d’alimentation, il y avait eu des tués à la gare de triage. Mais on n’a pas eu grande chose. Je n’ai pas vu des morts là, on a raconté, on n’est resté pas longtemps là d’ailleur et on est revenu rapidement.

 




On n’a jamais eu des problèmes avec des Allemands, ils ne sont jamais venus de nous voir ou de nous arrêter.
Ensuite on est libéré le Vendredi Saint et on a pu regagner un abri, un abri souterrain à Friedrichsfeld avec des Allemands jusque les Américains ont occupé le village.
Avec mon frères c’étaient deux jeunes de Saint-Dié. M.Bengold n’était pas avec nous, il était à l’école il ne s’est pas réfugié avec nous.

 

Paul Gérard




De Hurbache prés de Saint-Dié
Profession: agriculteur

Camp : Diesterwegschule à Mannheim


Paul Gérard pendant une visite à Mannheim 2003

 

Plaque commémorative à Hurbache



Deportation


Les Allemands m’ont déporté de mon village, c’est à côté de Saint-Dié, Hurbache.C’était la même déportation comme pour M.Villaume..
Ils ont déporté les hommes de 16 à 45 ans dans notre village. J’avais 16 ans à ce temps, j’etais le plus jeune déporté de mon village. C’était du  pour moi de quitter ma famille avec la police allemande qui nous guidait.

Le camp "Diesterwegschule"- Travail chez Lanz Mannheim

A Mannheim j’ai travaillé beaucoup chez Lanz, la plupart du temps. Mon camp c’était la Diesterwegschule. C’était une chambre je pense dans la deuxième étage, je crois le chambre 14-. On était une quarantaine dans la chambre avec des lits de deux étages.
Avec moi il y avait encore deux de mon village dans cette chambre, les autres étaient de Saint-Dié, die Moyenmoutier, de toute la région...
Chez Lanz j’ai fait le manoeuvre de maçon. Ce n’était pas ma profession, j’avais 16 ans, j’avais travaillé dans l’agriculture. J’etais un des plus jeunes. Donc j’ai travaillé toujours en plein air. On a fait des réparations, les dégâts des bombardement, on réparait. Il y avait deux Alsacien avec nous qui faisaient le contre-maître. Naturellement c’était froid, mais le plus pire c’était qu’on n’avait pas à manger.
J’avais volé des pommes de terre et j’étais battu d’avoir volé des pommes de terre. On a volé des pommes de terre d’un wagon qui était parqué
Q: Vous n’avez pas eu des vêtement?
On a reçu une fois un pantalon, un bleu. Mais heureusement je n’ai pas été malade, jamais. Non, le pire c’était la faim. Et puis on a subi des bombardements terribles, le 1 mars et le 1 février. Le 1 mars c’était pendant la journée mais il faisait nuit à cause de la fumée.
Q: Qu’est-ce qu’on faisait les dimanches?
Oh, on restait dans l’école, on ne faisait pas grande chose, quelquefois on a dormi, on se reposait. Trés peu on a joué aux cartes. Un certain temps on sortait pour manger des „stamms“, vous savez. Parce qu’on avais pas beaucoup à manger on sortait, on mangeait un petit peu, en groupe de trois, quatre. On n’était pas payé beaucoup à l’usine, mais pour des stamms quelquefois ça suffisait.
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Diesterwegschule vers la rue centrale de Mannheim-Lindenhof


A Noel on a eu une brioche, on a eu un morceau de gâteau, comme supplément.

Aprés Noel, peu-être le fevrier je ne travaillais pas. J’ai passé devant une commission, parce que mes chaussures étaient usées et fichus et pas à remettre. Ils n’avaient pas des chaussures à nous donner. Alors on restait à l’école comme on était. C’était pendant un mois, le février ou mars.
Je suis resté à la chambre, on a reçu l’alimentation quand même, oui à peu prés la même chose comme pendant le travail.
Le matin il y avait un „café“, une boisson chaude, pas de sucre.

Vers la  fin

J’avais été déplacé presqu’un mois avant la Libération et puis j’ai travaillé aux voies de chemin de fer. On a travaillé la nuit parce qu’il y avait des bombardements pendant la journée, alors on travaillait les nuits pour  réparer. Je ne peux pas vous dire le nom de ce village ou de cette ville où l’on était.
On a été libéré par la 1ere armée française. Et par camion ils nous ont transporté à Strasbourg.